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Écouter, déguster, rêver peut-être?

Publié le 25.06.2024

Le Lucens Classique Festival prépare activement sa quatrième édition qui se tiendra du 28 au 30 juin. Né de la rencontre entre le violoniste Guillaume Jacot et le chef d’orchestre Guillaume Berney, cet événement est bien plus qu’un rendez-vous musical.

Encouragé à rester pour le weekend, le public peut profiter de la gastronomie d’un grand chef local, ou de dégustations de vins animée par un œnologue valaisan. Pour en savoir plus sur ce festival atypique, nous avons rencontré le violoniste de la co-direction.



Comment germe l’idée d’un festival créé par un violoniste et un chef d’orchestre?

Guillaume Jacot: Guillaume Berney et moi nous sommes connus à l’orchestre Nexus, qui était encore l’ORJP (Orchestre Romand des Jeunes Professionnels), à l’époque. Il dirigeait, et j’ai joué avec cet orchestre pour la première fois en 2016. Nous nous sommes tout de suite bien entendus et avons discuté de projets à créer.

Je me souviens encore de la naissance de la première édition : nous étions chez lui et il a lancé l’idée soudainement : « On pourrait faire un festival ?! ». Nous avons gribouillé quelques idées, et le concept actuel du festival, à peu de choses près, était né. Nos personnalités - en tout cas en surface - sont très différentes, mais nos sensibilités et nos envies sont assez similaires, donc nous utilisons les forces de chacun pour créer ensemble.



Gastronomie, œnologie, musique et autres arts font partie intégrante de ce riche weekend. Le concept n’est pas traditionnel?

L’idée était de proposer une expérience différente.

Guillaume et moi sommes des musiciens classiques, c’est quelque chose qui nous passionne, mais la manière traditionnelle de proposer un concert où les personnes viennent, écoutent et repartent sans interaction, ce n’est pas toujours facile d’accès, et le public reste un peu le même.

Ici, les gens peuvent venir à Lucens pour diverses raisons : pour un weekend romantique, pour le château, pour la gastronomie, pour les dégustations de vins, pour l’exposition d’arts visuels. La musique n’est pas forcément l’objectif principal de leur venue, et peut simplement être leur découverte grâce aux autres accroches proposées.

Comment se déroule le weekend pour profiter des diverses activités ?

Du vendredi soir au dimanche, nous proposons différentes activités, et le public peut rester sur place le weekend entier, à l’hôtel (La Ferme du Château) pour en profiter au maximum. Le festival propose, dès 18h30, des concerts les vendredi et samedi soirs à , précédés d’un cocktail dînatoire et suivi des desserts, le tout préparé par le chef Xavier Bats dès.

Le premier soir sera un récital de la pianiste Vanessa Benelli-Mosell et le samedi, ce sera un concert du flûtiste Sébastian Jacot. En deuxième partie de soirée, nous nous retrouvons dans les Jardins du Château pour un « concert aux étoiles » où une petite scène est installée.

Le vendredi, le trompettiste jazz et pianiste Sammy Jacot présentera un programme d’une trentaine de minutes lors duquel il jouera en même temps du piano et de la trompette...ce sera fou !

Le lendemain, ce sera une performance de Thierry Raboud, qui mettra ses poésies en musique. L’artiste valaisan aura d’ailleurs une exposition accessible tout au long du weekend. Le samedi des activités sont prévues pour les personnes qui logent à l’hôtel, notamment une visite du château et une dégustation de vins choisis en accord avec le programme musical du soir. Cela permet d’avoir une accroche différente, avec d’autres sensations, quand on écoute le concert du soir.

Le dimanche, nous organisons un « brunch en musique ». C’est quelque chose de très décontracté, par forcément axé sur la musique classique.

Cette année, nous aurons l’ensemble La Comédie Musicale Improvisée. Ce collectif fait des choses dingues : ils interagissent avec le public, demandent des mots, des noms, des sujets...Ils utilisent ensuite ces suggestions pour en faire un spectacle théâtral chanté. L’histoire et la musique sont improvisées sur l’instant, sous les yeux du public, c’est fou !

Nous sommes ravis qu’ils soient avec nous cette année, c’est une manière d’écouter la musique comme on ne l’a jamais entendue !





Vous dites que le choix des vins se fait en accord avec le programme musical. Comment se passe ce choix ?

Alexandre Centeleghe est un œnologue et un ami à nous deux. Il a reçu le programme musical en amont, plusieurs mois avant le festival. Il a écouté le programme qui sera joué le soir et pensé à des vins qui lui rappellent certaines parties des œuvres, que ce soit une partie d’un mouvement, une exposition, un thème...

À Lucens, il présentera une sélection de bouteilles. Généralement, il passe l’extrait associé à un vin sur une enceinte, mais cette année, Sébastian Jacot jouera en direct ! Une fois le passage joué et la dégustation faite, l’œnologue parle du vin et explique pourquoi il l’a choisi, selon la texture, les tons, les arômes, la robe...

C’est subjectif, évidemment, mais c’est fait par un professionnel qui a aussi fait beaucoup de musique. Il base ses choix sur ses ressentis musicaux et sa connaissance du vin.

Sammy et Sébastian Jacot sont vos frères. Le festival a un côté un peu « familial » ?

C’est marrant que les deux soient programmés en même temps, et c’est presque un hasard.

Je leur demande depuis plusieurs années s’ils veulent participer au festival, parce que cela me plairait de les programmer. Jusque-là, ils n’avaient pas la possibilité, et cette année, ils étaient justement disponibles ! Nous n’avions pas encore décidé des artistes, donc nous avons fait en sorte que cela fonctionne. C’est une année un peu familiale pour moi, et j’en suis très heureux.

Sébastian, le flûtiste, s’est éloigné de la Suisse depuis plusieurs années. Il est actuellement flûte solo du Philharmonique de Berlin et avant cela, il était à Leipzig. Bizarrement, il joue très peu par ici alors qu’il est genevois. Je trouve dommage que le public local n’ait pas l’occasion de l’entendre, alors c’est aussi ma manière de lui permettre de jouer dans son pays.

Sammy, lui, est complètement autodidacte en piano. En trompette il a un parcours classique, et il a appris à improviser également en autodidacte. Il ne fait plus de musique professionnellement depuis plusieurs années et je trouve qu’il a un talent fou et une sensibilité incroyable quand il joue, mais il ne se produit jamais en public.

Lui offrir cette possibilité de jouer sur un « concert aux étoiles », pendant 30 minutes, c’est un challenge : ce n’est pas quelque chose qu’il a l’habitude de faire. J’espère que ce concert lui mettra des étoiles dans les yeux et lui redonnera assez confiance pour toucher le public avec sa musique.





Ne pas jouer vous-même lors de ce weekend, est-ce un choix ?

Je ne me mets pas en scène, ce n’est pas le but. Je ne dis pas que je ne le ferai jamais, mais ce n’est pas le même plaisir d’être sur scène que de créer un projet et le présenter à un public. Avoir ce stress de l’organisation du concert et jouer en même temps, c’est un risque de gâcher les deux plaisirs, et ces deux fonctions ne se marient pas forcément si bien ensemble.

Mon grand frère sera là et nous avons discuté de peut-être jouer en duo dix minutes sur scène, mais je pense que c’est le maximum que je m’autoriserai.

Ce concept qu’on a avec la gastronomie, la musique, les nuits au château, les visites, le brunch en musique le dimanche matin... c’est tout un concept qui ravit le public. Partager toutes ces émotions et ces activités en tant qu’organisateur, il y a beaucoup de plaisir à en retirer.

Propos recueillis par Sébastien Cayet

Lucens Classique
Du 28 au 30 juin au Château de Lucens

Voir Programme complet:
https://lucensclassique.ch/programme/

Informations, réservations:
https://lucensclassique.ch