Social Tw. Fb.
Article

Communs, singuliers et en plein air

Publié le 13.07.2020

 

Du 13 au 22 août, le far° de Nyon opère une mue en cette année de Covid-19. De festival des arts vivants, il devient fabrique des arts vivants et se propose de s’ouvrir sur les processus créatifs. Plusieurs des propositions à son affiche s’affirment comme des projets au long cours, dont le développement et les méandres seront proposés à l’attention des spectateurs, en août, puis dès novembre et l’année prochaine.

Baptisée Communs singuliers#1, l’édition continue de s’intéresser aux problématiques environnementales, mais il est question désormais de mobilisation, et d’ausculter comment le vivre ensemble peut devenir un agir ensemble. Tout cela, comme souvent via des propositions gaies, qui vont proposer aux participants de partir en minibus dans la campagne nyonnaise, de capturer l’eau et les vents du lac, de discuter au téléphone avec de vrais adolescents, de partir à l’écoute des oiseaux, de faire des trous dans des jardins et de chanter des chansons d’amour (liste non-exhaustive). Retour sur la genèse d’une édition particulière – mais ne le sont-elles pas toutes – avec la directrice Véronique Ferrero Delacoste

 


Du 13 au 22 août, le far° de Nyon maintient son offre de surprises et de spectacles originaux. Comme chaque été. Ou presque. La pandémie est passée par là, comme l’a rappelé la directrice Véronique Ferrero Delacoste en conférence de presse, le 9 juillet. «À l’automne nous avions identifié le titre de cette édition. Au printemps, alors que nous étions fin prêts, la pandémie est arrivée. Nous étions d’abord relativement confiants. Puis nous avons inventés et calculés tous les scénarios. Les spécificités du far° nous ont aidées, car elles nous invitent justement à inventer de nouveaux projets, différents, à nous permettre de réagir à l’actualité du monde.»

 

 

De nouvelles bases sont déterminées pour l’édition 2020: «L’essentiel n’est pas un événement ou une manifestation qui regroupe des gens sous une tente, devant une scène ou autour d’un bar: l’essentiel, c’est le rôle de l’art, les artistes et leur travail. Les artistes avec lesquels nous travaillons ancrent leur travail dans le réel. Ils nous semblaient que leurs œuvres pouvaient exister même dans ces circonstances particulières. La boite noire, la scène ou la salle sont des outils. Ils permettent à des choses magnifiques d’exister, mais ils ne doivent pas être indispensables.»

 

Ceci et cela ont mené à un programme qui ne connaît que des lieux ouverts. «Et avec un nombre de spectateurs à chaque fois limité – en mai, quand nous posions cela, le nombre de personnes maximum était de 5! Nous en avons discuté avec les artistes. Certains avaient des projets prévus dans des salles, beaucoup travaillaient sur des propositions en extérieur, et sur des formats adaptables. Nous sommes rentrés dans un dialogue. Notre message était: Si vous avez envie, si vous pensez qu’il est possible de transformer votre projet, et que cela puisse le faire gagner en spécificité, et bien allons-y ensemble!»»
Pour autant le far° reste le far°, et ceux qui le suivront y découvriront des propositions qui s’inscrivent dans la continuité des années précédentes

 

 

De festival à fabrique

Les organisateurs ont choisi de revoir leur appellation. Et le far°, festival des arts vivants, devient la fabrique des arts vivants. «Le mot festival résonne comme un lieu où l’on se rassemble – il y une notion de festif, de rassemblement, de manifestation. Et nous savions que cela ne serait pas possible. Nous avons donc décidé de changer de mots pour ne pas créer d’attentes.

Evidemment, c’est aussi un deuil. Nous aimons la convivialité et nous ne pourrons pas proposer de soirées festives. Nous perdons aussi des spectacles qui s’annonçaient magnifiques. Mais il faut parfois renoncer pour laisser la place à autre chose, de tout autant précieux».

 

Projets au long cours

Une des particularité de l’édition 2020, vérifiables sur plusieurs propositions, est de présenter un instantané, avant que le projet ne poursuive son évolution, et produise d’autres fruits qui seront à découvrir ultérieurement. «La situation nous a permis de nous intéresser davantage aux processus créatifs. Comment est-ce que les projets artistiques se préparent? Ces fabrications sont souvent tout autant intéressantes à découvrir que le résultat. Comme par exemple les collaborations avec les habitants de plusieurs communes du district ou avec des étudiants d’une école. Ces démarches nous offre une autre compréhension des œuvres et favorise cette idée de projets au long cours.»
Certaines propositions nécessitaient un processus relativement long en amont de leur finalisation. Le far° a trouvé intéressant de fixer son projecteur sur une étape, puis de laisser le processus créatif se poursuivre, et de lui donner un autre rendez-vous dans le futur.

 

 

Communs singuliers#1

Le titre de l’édition, Communs singuliers#1 peut se découvrir comme une référence à ces processus créatifs. «Nous avions proposé Organique en 2019, qui avait donné suite à Nos Futures. On était déjà dans quelque chose en phase avec le monde, qu’il s’agisse de notre rôle ou de notre engagement pour le futur. Et ce n’est pas parce que nous avions abordé les problématiques environnementales que nous allions tourner la page - le problème n’est pas réglé! Nous nous sommes plutôt dit que l’étape suivante serait d’évoquer les passage à l’acte. De poser des questions comme «Comment est-ce qu’on peut (peut-être) s’en sortir si on se met ensemble à agir?» Comment agir ensemble pour que les choses puissent se transformer? Le système individualiste a ses mérites. Mais aussi ses limites. Il n’est pas le meilleur pour agir de façon large. Cela nous amène à nous intéresser au commun - que nous voulions différencier de la communauté ou du collectif des décennies passées. Le commun d’aujourd’hui est ici considéré comme un assemblage d’individualités, de singularités.» Qu’il s’agit cet été d’investir!

 

Propos recueillis par Vincent Borcard

far° - Communs singuliers #1
Du 13 au 22 août aux Marchandises, 5 rue des Marchandises, Nyon

Photo de Véronique Ferrero Delacoste: © far° Nyon - Arya Dil

Informations – programme complet
far-nyon.ch

Filtres