Le Méridien

Après deux monologues d’une grande finesse, La Loi du marcheur et Un métier idéal, le metteur en scène Eric Didry et l’acteur Nicolas Bouchaud reprennent le plateau avec un texte non théâtral, Le Méridien. C’est un discours prononcé par Paul Celan en 1960 lors de la remise du Prix Georg Büchner en Allemagne. Celan nous livre, dans cette adresse au public, ce qu’il perçoit de l’art et de la poésie. Texte dense, elliptique et fulgurant porté par une forme d’oralité qui guide les deux artistes.

Nicolas Bouchaud : "On entend Celan qui pense à vue, devant nous. Ces incises, ces digressions sont pour nous des leviers concrets pour mettre en route la pensée." Dans sa poésie, Paul Celan travaille à une mise en question radicale de la langue et de la culture allemandes, dont la Shoah est, pour lui, l’aboutissement. Il forge un nouvel outil, ce qui lui permet d’habiter sa langue maternelle en étranger, de la reconstruire de l’intérieur et de contredire la formule d’Adorno selon laquelle "Ecrire un poème après Auschwitz est barbare."

Paul Celan ne croit pas à la mimèsis : la poésie est pour lui non pas une façon de représenter, mais une façon de percevoir. Et Bouchaud transpose : "L’acteur, c’est celui qui recrée à travers Alceste ou Phèdre le caractère vivant et imprévisible d’une personne. Nous ne sommes plus dans l’imitation, nous sommes uniquement dans l’acte de devenir nous-même. Nous inventons notre être, au sens où nous sommes dans le doute et dans le drame de nos incertitudes."


Le 03 novembre, rencontre avec les artistes à l’issue de la représentation.

Un projet de et avec Nicolas Bouchaud, mise en scène Eric Didry