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Danse

Dès le Jeudi

6 au 7 Novembre 2014
Si la danse est liée à la nourriture, c’est au travers d’effets négatifs, par l’absence, par le refus ou du moins la contention : on ne danse pas en mangeant, et même on ne mange pas avant de danser. Tout porte en effet le danseur à s’éloigner de la nourriture. Pour Boris Charmatz, le fait de manger n’est pas du tout spectaculaire. Manger est même une activité qui nettoie, quelque chose comme un exercice de disparition.

Et pourtant, l’ingestion de nourriture intéresse le chorégraphe Boris Charmatz. Ce qui l’intrigue et qu’il veut interroger, c’est l’individu qui mange, ce qu’il mange et comment il le mange, mais pris dans un corps collectif. Il a donc décidé d’en faire une activité permanente, dans un groupe, sans début ni fin, qui peut potentiellement déboucher sur l’étouffement, le bourrage, voire la mort. La pièce du coup en devient particulièrement expérimentale, proche du "body art", avec quatorze danseurs qui ne cessent de manger, retournant sur eux-mêmes les conséquences toutes matérielles de l’expérience.

Au fil du travail, Charmatz a conçu ce qu’il appelle un bloc. Un bloc plastique, chorégraphique et sonore, dans lequel sont pris les interprètes en train de mâcher, déglutir, bouger, chanter, parler, danser. Constamment. "on ne peut rien faire bien, parler la bouche pleine, chanter la bouche pleine, danser
 la bouche pleine, mais toutes ces activités rebondissent entre elles, se transforment les unes les autres et produisent une forte réalité sur le plateau."

Pas de décor dans cette pièce chorégraphique, mais des éléments qu’il s’agira d’avaler pour faire place nette. Tout ce qui est sur scène sera mastiqué, ingéré, de façon systématique 
et conséquente. Manière d’interroger aussi ce que nous gobons du monde, les sons, les images, les sensations, les injonctions, et peut-être comment on accepte le bourrage, non seulement d’estomac, mais aussi de crâne.

Formé à l’Ecole de danse de l’Opéra de Paris, puis au Conservatoire de Lyon, Boris Charmatz est d’abord interprète pour Odile Duboc, Régine Chopinot ou encore Meg Stuart. Mais il lance très vite ses propres expérimentations chorégraphiques pour interroger de manière radicale la fonction de danseur. Il produit des œuvres ouvertes, étranges, alimentées par la vidéo, la philosophie, les arts plastiques, la littérature, et parfois exposées au danger.

Lorsqu’il est nommé au Centre chorégraphique national de Rennes et de Bretagne en 2008, il le rebaptise de manière paradoxale Musée de la danse. S’y croisent ateliers, débats, spectacles, résidences, recherches ; s’y élaborent du décalage, du fantasme, de la fantaisie, de la contradiction, toujours dans l’idée de tresser de manière ludique la création et la transmission, l’art et l’archive. Et toujours selon un même présupposé : concevoir la danse comme un outil d’investigation à la fois sensible et intellectuel. Il était artiste associé au Festival d’Avignon en 2011 et invité du MoMA en 2013. Il participe en juin 2014 à Let’s Dance ! à Vidy avec plusieurs spectacles.
Théâtre Vidy à Lausanne le 06 et 07 novembre 2014.

Conception Boris Charmatz Avec Or Avishay, Matthieu Barbin, Nuno Bizarro, Ashley Chen, Olga Dukhovnaya, Alix Eynaudi, Julien Gallée-Ferré, Peggy Grelat-Dupont, Christophe Ives, Maud le Pladec, Mark Lorimer, Filipe Lourenço, Mani A. Mungai, Marlène Saldana

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