Moussorgski, Haydn, Chostakovitch | Le Sinfonietta de Lausanne sous la direction de Thomas Sanderling

Haydn a-t-il vraiment songé à réveiller les dames de la bonne société londonienne en plantant un accord fortissimo juste après la délicate exposition du thème de son Andante? C'est en tout cas la "légende urbaine" qui entoure sa Symphonie n°94, baptisée "mit dem Paukenschlag" (littéralement "du coup de timbale"), qui a donné en français "La Surprise". Une chose est sûre, la surprise a bel et bien été au rendez-vous dans la salle, comme en témoignent ces lignes publiées au lendemain de la création: "[Elle] peut être comparée à celle ressentie par une belle bergère que le murmure éloigné d'une cascade aurait endormie et qu'un coup de fusil tiré par un chasseur réveille en sursaut."

Tout autre surprise: celle vécue par le camarade Staline lors de la création de la Symphonie n°9 de Chostakovitch. Alors qu'au lendemain de la victoire soviétique sur les hordes nazies le tyran attend une œuvre dans la veine grandiose de la Neuvième de Beethoven, le compositeur russe – qu'a connu personnellement le chef Thomas Sanderling – livre une épure toute de légèreté, décrivant le soulagement des militaires enfin autorisés à rentrer chez eux. En voulant chanter la vie, il a failli la perdre…


Au programme de ce concert:

Modest Moussorgski (1839-1881)
Khovantchina, introduction

Joseph Haydn (1732-1809)
Symphonie n°94, en sol majeur, "La Surprise"

Dmitri Chostakovitch (1906-1975)
Symphonie n°9, op.70, en mi bémol majeur

Thomas Sanderling, direction