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Théâtre

Dès le Mercredi

1 au 11 Février 2023
1 Février 2023
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11 Février 2023
Un sentiment de vie, un spectacle d'Émilie Charriot, à découvrir du 1er au 11 février 2023 au Théâtre de Vidy, Lausanne.

La pièce My secret garden de Falk Richter fit naître en Claudine Galea les mots pour dire l’amour et le deuil de son père: elle pouvait laisser s’exprimer ce lien filial tel qu’il est, comme un tout, un flux, une musique, embrassant la littérature, la destinée d’une famille algérienne et les guerres du monde.

Emilie Charriot dirige l'actrice Valérie Dréville dans ce monologue intense.

"C’est un texte étrange et inclassable. Il est écrit pour le théâtre mais il ne correspond pas à ce qu’on appelle une pièce de théâtre. Il en échappe, résolument. Privé de personnage, de dialogue, et de situation. Encore un texte d’une liberté inouïe, personnel, écrit à la première personne.

Car Galea cherche à exprimer ce qui vit et parle au fond de soi, sous une forme atypique et pourtant scénique. C’est une monstruosité dramaturgique qui appelle un théâtre de parole. C’est une parole qui renvoie d’abord à Falk Richter – l’enfant terrible du théâtre allemand - enfant empêtré dans un nœud intime, avec papa maman et les douleurs de l’Histoire. Retourner à ce qui est caché, au fond d’un jardin, le jardin de soi.
My Secret Garden. Et revenir.

En revenir. Galea mêle son jardin à celui de Richter. Corps-à-corps littéraire. Elle s’adresse à lui parce qu’elle revient de loin, comme lui. Les écrivains, en général, reviennent de loin. Ce lointain du secret garden, c’est l’intime – les épaisseurs et les profondeurs vécues, enfouies, accumulées du temps.

Dans ces épaisseurs se cachent des expériences sédimentées du monde, de la famille, de la société et de l’Histoire. Et dans ces expériences, il y a parfois un chaos. Alors, on revient de loin. Elle écrit ce que nous vivons: des intensités affectives, des pulsions, des blessures, des énigmes, des catastrophes, des sensations, des traumas. Elle écrit ce qui ébranle et l’écriture doit ébranler à son tour. Nous sommes faits de sentiments.
"Pas de texte sans sentiment de vie", écrit-elle justement. C’est l’enjeu de la littérature et du théâtre.

Ici, l’enjeu du texte, c’est le père. Le sien. Celui qu’elle a tant aimé. Et accompagné dans la mort. Une histoire d’amour et de mort. Le deuil. Car l’amour du père et de la fille: une singularité absolue, indestructible. La traversée d’un sentiment de vie. La langue est électrique, intense, débridée et morcelée, elle ne raconte pas une histoire, mais exprime les affects d’une histoire personnelle et familiale, emmêlée aux concepts de la politique (le communisme, le colonialisme, le nationalisme, la différence des sexes) et aux traces de l’Histoire (la guerre d’Algérie est le fantôme de cette parole).

C’est une affaire de langue. Parce que ce qui vit et parle au fond du secret garden cache une langue à trouver, imprévisible et unique. Écrire (sur) le sentiment de vie, c’est toujours se laisser emporter les suffocations de son surgissement. Et le théâtre doit pouvoir accueillir et révéler l’éruption impudique de cette langue."
  (Frédéric Vossier)


En relation avec le spectacle: le jeudi 2, rencontre avec l'équipe artistique à l'issue de la représentation

Émilie Charriot, mise en scène - Claudine Galea, texte
Avec Valérie Dreville

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