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L'Île de Tulitapan: paradis de la joie et de la vitesse

Publié le 12.06.2023

L'Île de Tulitapan et la joie communicative des oeuvres d'Offenbach circulent dans nos villes et dans nos campagnes. Jusqu'au 8 juillet à l'enseigne de La Route Lyrique, cette production de l'Opéra de Lausanne multiplie les représentations comme autant de feux d'artifice. Par association d'idées, le titre peut faire penser à La Croisière s'amuse. Mais il faut plutôt se préparer à En Quatrième Vitesse!

Cette opérette n'est pas la plus connue d'Offenbach, elle met en scène les personnages colorés d' Octogène Romboïdal, Cacatois XXII, et quelques autres dans des histoires de quête de pouvoir, et, plus curieusement, d'orientation sexuelle. Rythme trépidant, retournements de situations multiples, joie (bis), sourires, rires, tout s'enchaîne pour le plus grand plaisir des spectateurs, mais aussi des interprètes. Rencontre avec le baryton Rémi Ortega (Cacatois XXII soi-même), qui confirme: "La vivacité du personnage ne me laisse pas du tout le temps de me reposer!"

Vous avez déjà participé à une production d’une oeuvre d’Offenbach, Les Contes d’Hoffmann, il y a 5 ans à Fribourg. Cela vous aide-t-il à la prise de rôle de Cacatois XXII dans L’Île de Tulitapan?

Ce sont deux grands rôles qui offrent des plaisirs différents. Dans Les Contes d’Hoffmann, l’atmosphère générale est davantage tragique. Et les effets techniques de la voix ne sont pas comparables. Je dirais que dans L’ÎIe de Tulitapan il faut trouver le jeu scénique avant la coloration de la voix. C’est la différence avec l’approche d’une oeuvre opératique...

Celle-ci est particulière pour moi, car la partition est un peu plus haute que ce que j’ai l’habitude de chanter - à ma grande surprise je ne sonne pas du tout pareil! De devoir chanter plus haut ne me rend pas la partition plus difficile. Mais vu la rapidité de ce qu’il faut chanter et les effets vocaux, la vivacité du personnage ne me laisse pas du tout le temps de me reposer.




Avez-vous au cour du spectacle des moments de bravoure?



Ce n’est pas ce qui caractérise ce rôle. Certes, je ne qualifierais pas le premier air de Cacatois de facile, mais le défi est plutôt dans l’accumulation propre à l’opérette où il faut composer avec la chorégraphie, la vivacité des déplacements, les grands costumes encombrants… 
Pour le chant, la difficulté tient davantage des effets du pointillé que de la ligne. En résumé, oui, il y a du travail!

L’opérette et Rémi Ortega?


Il y a l’opéra, avec des grande voix, et des mises en scène profondes - souvent plus lentes - et d’une durée importante. Là nous sommes ds un format plus court qui ne dépasse pas une heure et dix minutes, dans laquelle l’action prédomine.

 La dimension théâtrale décuple la tension de la partition, surtout si la production, comme c’est le cas avec L’Île de Tulitapan, ajoute des chorégraphies.

Il faut aussi gérer les enchaînements entre la voix chantée et la voix parlée - qui n’est as la même, ce qui exige une très grande souplesse. 

C’est aussi pour cela qu’il est très important d’avoir travaillé le personnage en amont et en profondeur, si l’on ne veut pas manquer de vérité sur scène - que le propos soit léger ou même très léger n’y change rien.


Dans le cas de Cacatois?



Cacatois est un dictateur déchu qui essaie de maintenir son autorité par tous - vraiment tous! - les moyens possibles. Il faut donc créer un personnage pas du tout crédible, mais qui doit l’être pour les spectateurs. L’intérêt de tels personnages tient beaucoup au fait qu’ils sont loufoques et que ce sont de grande caricatures.

 





L’intrigue de cette opérette créée en 1868 met en scène, notamment, un garçon qui ne se comporte pas comme un garçon et une fille qui ne se comporte pas que comme une fille. Ce qui résonne avec les thématique du genre, très discutées depuis quelque années. Comment l’équipe artistique l’aborde-t-elle?

Nous en avons beaucoup parlé entre nous. Est-ce qu’Offenbach crée ces personnages parce que la question était déjà très discutée de son temps, l’histoire ne ferait-elle que se répéter? L’idée est assez troublante, et ce n’est qu’une des manières d’y réfléchir. A l’évidence, le sujet est assez touchy, délicat. En même temps, j’ai la conviction que si il y a bien un endroit et un métier où il ne faut pas cesser de questionner et d’interroger le monde qui nous entoure, c’est bien sur scène. 


Ce n’est pas pour autant une production sur mesure ni militante. Nous ne sommes pas inquiets de l’effet que pourrait avoir cet épisode de l’histoire sur le public ou sur les personnes impliquées. Nous sommes davantage heureux de rappeler que ce thème très actuel a toujours existé.


La Route Lyrique impose des formes légères. Une quinzaine de musiciens. Comment le vivez-vous?

Ce qui est très sympathique avec La Route Lyrique est que tout est pensé pour être mobile. La technique évoluant, tout le système d’éclairage est coordonné par Wifi et fonctionne avec des batteries, il n’y a aucun câble dans lequel on peut se prendre les pieds!



Pour l’orchestre, quinze musiciens cela peut paraître peu, mais c’est déjà très efficace et n’impacte pas le travail des voix. Et le chef d'orchestre Léonard Ganvert a très bien su adapter la partition pour cet effectif. Pour l’anecdote, nos répétitions à l’Opéra de Lausanne ont été d’autant plus intéressantes que dans la salle d’à côté se déroulaient celles de Norma,,de Bellini, avec un orchestre monumental!






Je ne souhaite nullement vous affubler d’une grande barbe blanche, mais comment un chanteur expérimenté tel que vous vit-il l’expérience de La Route Lyrique aux côtés d’étudiants et de jeunes professionnels?

Merci, il y a une quinzaine d’année de différence! Plus sérieusement, je trouve fabuleux à quel point les instrumentistes de l’HEMU sont attentifs et motivés. Et ils ne dépendent pas que du chef d’orchestre. Ils ont aussi des effets comiques à produire avec leurs instruments en fonction de nos textes.

L’effectif réduit nous rend aussi plus attentifs les uns aux autres: si quelqu’un met une note à côté, que cela soit une voix ou un instrument, cela s’entend tout de suite.



LÎle de Tulitapan et La Route Lyrique ont la bougeotte, comme un cirque ou un groupe de rock.

Les responsables de la production nous l’on répété à de multiples reprises: un lieu, une date. La salle, son acoustique et le public changent à chaque représentation. A chaque fois, nous avons deux heures pour nous mettre à niveau. Ce qui demande souplesse et patience.

L'orchestre peut être dans une fosse ou sur le côté de la scène. L’espace peut faire qu’un interprète qui se déplaçait à gauche devra se déplacer à droite. Et tout cela avec une oeuvre très vive et énergivore. Personnellement j’adore cela, de telles conditions vous forgent les nerfs, la voix, le corps.

C’es très rafraîchissant de remettre sur le métier tout ce que l’on sait faire. Les possibilités de progresser sont toujours bonnes à prendre.

Tout le temps que nous passons ensemble me rappelle aussi que j’ai pratiqué un peu l’enseignement, et que j’ai, comme n’importe quelle artiste, commencer par être un débutant. Tous les conseils que j’aurais voulu que l’on me donne, j’ai davantage la possibilité de les évoquer avec mes camarades, il y a une petite transmission qui passe.

Propos recueillis par Vincent Borcard


L'Île du Tulitapan

du 9 juin au 8 juillet dans divers lieux des cantons de Vaud et du Valais (voir ci-dessous)

Opérette de Jacques Offenbach
Léonard Ganvert, direction musicale  - Gilles Rico, mise en scène
Ensemble instrumental de l’Opéra de Lausanne

Avec Rémi Ortega, Emma Delannoy, Guillaume Paire, Laure-Catherine Beyers et Hoël Troadec


Le 9 juin, 20h00, au Théâtre du Jorat, Mézières

Le 13 juin, 20h00 au Théâtre Pré-aux-Moines, Cossonay

Le 16 juin, 20h00 à la Grande Salle, Bussigny
Le 17 juin, 20h00, Salle des Spectacles, Epalinges

Le 18 juin, 17h00, Théâtre de Grand-Champ, Gland

Le 20 juin, 19h00, au Casino d’Orbe

Le 24 juin, 19h30 au Balcon du Ciel, Naz
Le 25 juin, 17h00, Salle de Spectacle, Renens
Le 27 juin, 19h30, Grande Salle de Bex
Le 28 juin, 21h00, Place François Silvant, Ecubulens
Le 30 juin, 19h30 Casino de Vallorbe

Le 1er juillet, 19h30, Grande Salle de Prilly
Les 4 et 5 juillet, 19h00, Opéra de Lausanne

Le 6 juillet, 19h30, Centre sportif du Chêne, Aubonne

Le 7 juillet, 19h30, Salle Davel, Cully

Le 8 juillet, 19h30, Fondation Gianadda, Martigny

Informations, réservations:
https://www.opera-lausanne.ch/show/route-lyrique-2023/

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