Dès le Mardi
Les théâtres sont vides depuis plusieurs mois. Les représentations dans des salles pleines sont interdites jusqu’à nouvel ordre. Alors, la boîte noire théâtrale devient un “white cube” muséal et le Théâtre s’expose. Les salles résonnent encore de ces moments qui reliaient les spectateurs·ices - des tempêtes d’émotion, de rires, de larmes et d’applaudissements.
Que reste-t-il d’un spectacle de théâtre, éphémère par nature? Les enregistrements, les critiques et même les ouvrages des metteur·e·s en scène ne rendent compte que d’une infime partie de la performance. Les hormones, la matière, les odeurs, ont laissé d’autres traces.
Le foyer, la scène, les loges, la régie lumière désertés ont le charme des ruines. Le plateau et ses abords sont comme les vestiges temporaires d’un lieu de rencontre rituel, les restes archéologiques d’une société en représentation. À quel point peut-on simuler, reproduire techniquement ce qui s’est passé ici? Que se passet-il si la machine-à-simuler-le-monde se met en marche toute seule et que le spectateur ou la spectatrice se retrouve en son centre?
Le Covid-19 rend possible ce qu’aucun théâtre ne peut d’ordinaire se permettre: faire jouer la maison entière pour une seule personne à la fois. Un spectateur, une spectatrice est invité·e à venir dire aurevoir au bâtiment du Théâtre de Vidy avant qu’il ne soit démonté pour être rénové.
Comme le "stalker" de Tarkovsky, il ou elle s’aventure, muni·e d’écouteurs et de gants, avec précaution dans les couloirs, dans les coulisses, à travers les rangées de public absent. Au temps de la distance sociale et de l’isolement, se pose la question du sens de la communauté.
► La Kantina et le foyer du Théâtre sont fermés au public
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