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Audrey Vigoureux, une artiste aux multiples facettes

Publié le 01.03.2023

Le nom d’Audrey Vigoureux vous est sans doute familier, et pour cause, la pianiste française établie en Suisse est sur tous les fronts: en studio, sur scène en soliste, en récital ou en musique de chambre, ou encore dans les salles de cours. Formée au Conservatoire supérieur de musique de Genève et au CNSM de Paris, son parcours est jalonné de récompenses, comme le Prix Adolf Neumann de la Ville de Genève qui a couronné ses études à Genève.

Le 5 mars, elle sera accompagnée du violoniste Pierre Fouchenneret pour un concert carte blanche sur la scène du Théâtre de Grand-Champ, à Gland. Après une journée chargée, Audrey nous a accordé un peu de son temps.



Le programme mélange musique de chambre et pièces solo... choix personnel?

Le Théâtre de Grand-Champ m’a donné carte blanche pour ce concert. J’avais le choix entre un récital solo, ou de la musique de chambre avec qui je voulais. C’était un luxe de pouvoir tout choisir et construire un programme. J’ai donc concilié les deux avec une partie en solo et une partie de musique de chambre avec le violoniste Pierre Fouchenneret.



Il est depuis peu professeur à la Haute École de Musique de Genève- Neuchâtel. Est-ce là que vous l’avez rencontré?

Je connais Pierre depuis longtemps, à vrai dire, c’est un ami de longue date. Nous nous sommes croisés à Paris lorsque nous étions étudiants au CNSM et nous avons déjà eu l’occasion de jouer ensemble. Pas tellement pendant nos études, mais plutôt par la suite. On prend beaucoup de plaisir à se retrouver ensemble sur scène et la magie opère, donc c’était assez naturel de vouloir inclure une partie musique de chambre avec lui.

Et effectivement, il a été nouvellement nommé à la HEM, ça faisait sens de lui proposer. On ne l’entend pas beaucoup en Suisse, c’est une bonne chose qu’on puisse découvrir ce musicien.

Êtes-vous plus à l’aise avec un musicien ou une musicienne que vous connaissez bien?

Si j’ai le choix, je vais évidemment choisir des personnes avec lesquelles je m’entends bien et avec qui j’ai l’habitude de jouer. Quand on ne connaît pas un musicien, il y a un autre stress. On a tout un questionnement vis-à-vis de l’autre, une appréhension différente, parce qu’on ne sait pas si on a la même vision des œuvres, des esthétiques...

La musique de chambre demande beaucoup de travail et une communion particulière, donc autant s’entendre. Avec Pierre, à part une fois où nous avions des interprétations très différentes d’un tempo dans un quatuor de Mozart, ça marche à chaque fois, et c’est très agréable !





Comment avez-vous construit votre programme?

J‘ai discuté du programme avec Christophe Sturzenegger, qui s’occupe de cette série de concerts. Le programme français faisait partie de mes propositions, il a été enthousiasmé. L’idée était de construire un programme français, au sens large, en incluant également des compositeurs français d’adoption.

On a donc décidé de jouer Ravel, mais aussi César Franck et Frédéric Chopin, qui étaient respectivement belge et polonais, tous deux naturalisés français au cours de leur vie. Le résultat donne un programme romantique glissant vers le modernisme.

Avez-vous décidé d’un programme français par cohérence sur l’intégralité du concert ou par affinité avec cette période et cette esthétique?

C’est un univers dans lequel nous sommes à l’aise, Pierre et moi. Il a énormément joué Fauré, dont il a enregistré la quasi-totalité de la musique de chambre. J’avais aussi envie de jouer une partie romantique, et comme je vais enregistrer une grande partie des Nocturnes de Chopin, c’était l’occasion. Les Nocturnes op. 9 et op. 48 ont été composés à deux époques bien distinctes de la vie de Chopin. C’est une écriture assez différente, mais très intéressante!





La musique de chambre fait-elle partie intégrante de votre pratique musicale?

C’est une des activités que je préfère. Le répertoire est tellement large, surtout quand on est pianiste! À mon sens, c’est indispensable, ne serait-ce que pour l’écoute ou la communication, pour le contact avec le répertoire, la richesse des timbres, le partage. On est toujours seuls, donc si on n’avait pas la musique de chambre, quelle tristesse!

J’aurais pu faire un récital avec uniquement des Nocturnes de Chopin, pour préparer mon enregistrement à venir, mais je pense que pour le public, c’est moins intéressant. Ce serait un programme magnifique à écouter sur la scène de la Roque d’Anthéron, par exemple, parce qu’il y a un public dédié. Le public du Théâtre de Grand-Champ est peut-être plus diversifié. C’était aussi une manière de dynamiser le programme, varier les plaisirs!

Varier les plaisirs, c’est aussi pour cela que vous avez créé le festival Les Athénéennes?

Exactement. L’identité du festival, c’est de proposer plusieurs styles de musique dans une même soirée: un concert classique, un concert de jazz et un concert électro, rock ou de musique du monde (pas forcément dans cet ordre). Avec Marc Perrenoud et Valentin Peiry, nous avions envie de faire coexister ces styles de musique, que ce soit moins clivé et moins poussiéreux.

C’est une grande fête avec toutes les musique qu’on aime. On ne cherche pas un programme racoleur, mais plutôt une cohérence dans les concerts proposés, une sorte de fil rouge pendant les dix jours du festival (du 1er au 10 juin cette année). Le public s’y retrouve, c’est une formule qui plaît. On a un public qui vient écouter le premier concert et qui reste pour le deuxième concert.

Soliste, chambriste, récitaliste, professeure et programmatrice... Avez-vous d’autres envies?

J’ai fait un peu de direction! J’ai accompagné la classe de direction de la HEM pendant quelques années et j’avais très envie de faire une formation. J’aimais beaucoup le professeur de direction, Laurent Gay; il m’a dit «mais oui, viens!» La direction m’a beaucoup servi, notamment pour jouer des concertos sans chef. J’aurais bien aimé poursuivre, mais pour le moment, je n’ai pas le temps ni les occasions, mais la vie n’est pas terminée!

Propos recueillis par Sébastien Cayet


Carte blanche à Audrey Vigoureux
Le 5 mars à 17h00 au Théâtre de Grand-Champs, Gland

Audrey Vigoureux, piano - Pierre Fouchenneret, violon


Programme:
F. Chopin, Nocturnes op. 9

C. Franck, Sonate pour violon et piano

F. Chopin, Nocturnes op. 48

M. Ravel, Sonate pour violon et piano


Informations, réservations:
https://www.grand-champ.ch/events/carte-blanche-a-audrey-vigoureux/

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